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journal du siège de paris.

que le vaincu de Sedan contrefaisait les billets de la banque de France. Vous verrez qu’avant peu on nous prouvera clair comme le jour que, chaque soir, il détroussait les passants au coin des rues. Je ne répondrais même pas qu’un monsieur, tout de noir habillé, portant longue barbe, longs cheveux et un feutre pointu, ne viendra pas, un beau soir, nous dire sur la place du Château-d’Eau que le chef véritable des assassins et des voleurs qui ont leur quartier général dans les carrières d’Amérique, à Belleville, n’est autre que Napoléon III. Et puis, est-ce bien Troppmann qui a tué la famille Hinck ? Je commence à croire que l’homme sinistre du 2 décembre pouvait bien être le véritable coupable. Ô bêtise humaine ! Par ce bienheureux temps de liberté, de fraternité, d’égalité, on peut s’attendre à toutes les monstruosités. — Aujourd’hui, à Batignolles, a eu lieu l’ouverture du Club des libres penseurs. En tête de leur programme se trouve cette déclaration : « La femme a le droit de choisir l’homme qui doit être le père de ses enfants et de s’en séparer quand il ne lui convient plus. Plus de religion, plus de mariage. » C’est du propre comme vous voyez. Heureusement que ces insanités ne peuvent avoir d’influence. Une quinzaine de vieilles folles avec une cinquantaine de jeunes drôlesses, heureuses d’attirer l’attention sur elles, vont clabauder pendant trois ou quatre jours. Dans une semaine le ridicule aura fermé ce club.

Jeudi soir, 22 septembre. — M. Jules Favre, qui avait