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journal du siège de paris.

dans sa mission pacifique, est arrivé à Tours. Dans les combats de ces derniers jours, les Prussiens sortent des bois, où ils s’empressent de retourner quand l’action devient trop chaude. La forêt de Bondy en contient une fourmilière. La sève des arbres, les pluies de la semaine dernière ont rendu inutiles les efforts faits pour incendier ces bois. Depuis quinze jours, nous avons à Paris plus de 100,000 mobiles. On se demande pourquoi ne pas avoir fait abattre tous ces arbres par ces gars jeunes et vigoureux.

Mercredi soir, 21 septembre. — Toujours un ciel d’été. L’artillerie d’Aubervilliers a aujourd’hui culbuté par trois fois une batterie que les Prussiens voulaient établir. Toutes les troupes qui avaient donné dans les engagements de ces trois derniers jours viennent de rentrer dans Paris. Escarmouches sur toute la ligne des forts, sans importance sérieuse. On a fait aujourd’hui plusieurs manifestations contre la paix. Guerre à outrance ! tel est le cri des faubourgs de Paris. Ces promenades à travers les rues de la capitale sont déplorables. Elles nous annoncent le retour des mauvais jours de 1848. Les purs de la démagogie avancée trouvent déjà que le gouvernement Fabre-Gambetta est réactionnaire. On l’accuse de travailler pour les d’Orléans. On prétend que de Kératry, le préfet de police, s’entend avec les Prussiens pour rétablir Napoléon III. À propos de l’empereur déchu, on annonce que l’on a trouvé la preuve, dans la correspondance impériale saisie au moment où elle allait franchir les frontières,