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journal du siège de paris.

blanc avec croix rouge de la Convention de Genève flotte mélancoliquement sur le pavillon central, en attendant que les canons prussiens viennent remplir de blessés les salons de Napoléon III. Tandis que de la rue de Rivoli je contemplais campos ubi Napoleo fuit, cinq ou six mille mobiles de la Bourgogne ont passé en chantant un chant de leur pays dont l’air est, à quelques notes près, celui de : En roulant ma boule. Je n’ai pas pu saisir les paroles. La Claire fontaine vient de la Normandie. Nous devons Derrière chez ma tante à la Franche-Comté. En roulant ma boule appartient peut-être à la patrie de Charles le Téméraire.

Samedi, 17 septembre. — Le soir, à huit heures, je reçois les lettres de ma mère et de Joseph, ainsi que les journaux. C’est une heureuse surprise, car je commençais à croire que les communications étaient coupées avec l’Angleterre. Demain j’irai au bureau de poste m’informer si on peut encore expédier des lettres en Amérique. H… est parti pour le Saguenay. J’en suis bien content, car cela va le reposer. Aujourd’hui combats d’avant-postes sous les murs de Paris à l’avantage des Français. Les troupes italiennes sont sous les murs de Rome. Les zouaves veulent résister, mais il est probable que le pape ne se défendra pas. Triste année pour nous Canadiens. Fils de la France, nous assistons à l’humiliation, à l’invasion de la vieille patrie. Catholiques, nous voyons le Saint-Père au pouvoir de ses ennemis et la chute, au moins pour le moment, du