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journal du siège de paris.

s’empareront, à un moment donné, des armes de l’ennemi, reviendront en France et tomberont sur l’arrière-garde de l’invasion allemande. Ce que l’on dit de la santé de l’Empereur semble assez plausible. Le pauvre homme est pris par trois maladies terribles, diabète, goutte et maladie de la moelle épinière. Cette dernière affection aurait amené un ramollissement du cerveau, cause des désastres de ces derniers jours. Des voyous parcourent la place du Château-d’Eau en vendant des caricatures où l’insulte basse, triviale, honteuse, est jetée à la famille impériale. Celles qui ont l’impératrice pour sujet frisent souvent, atteignent quelquefois le genre obscène. Tout cela est triste. Je n’ai pas besoin de vous dire que ces saletés ne trouvent d’acheteurs que dans cette lie de la population qui remonte à la surface dans les jours de trouble. Décidément, le peuple souverain n’est pas beau à voir au jour de son triomphe.

Mercredi soir, 14 septembre. — Le matin, temps sombre ; le midi, le soleil se montre. Poussière insupportable. Les rues n’ont pas été arrosées depuis plusieurs jours, les hommes chargés de ce service étant employés au transport du matériel de guerre. Grand émoi dans la rue Vaugirard. Une bande de pignoufs ayant obtenu, on ne sait comment, un ordre de perquisition chez les jésuites, s’est présentée chez les révérends pères et a visité et fouillé toute la maison. Ces aimables drôles prétendaient que ces religieux cachaient des armes, voire même un canon, lesquelles