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nous dit, ce matin, que tous les membres de la droite ont été emprisonnés la nuit dernière. Quand on foule aux pieds la légalité au nom de la démagogie, quand on fait appel à la violence en portant le drapeau rouge, cela s’appelle le peuple qui se lève dans sa majesté. Quels saltimbanques que tous ces démagogues !

Rochefort, sorti de prison, est membre du gouvernement provisoire. On doit bien rire en Europe. Les troupes, peu nombreuses du reste, qui gardaient le palais Bourbon, ont fait cause commune avec la garde nationale. L’armée, vaincue, humiliée, ne peut pardonner à Napoléon de s’être rendu, quand il avait encore quarante mille hommes avec lui. L’empire, s’écroulant sous le poids de la défaite et de ses fautes, pendant les derniers jours, laissait la place libre au parti assez hardi pour s’emparer du pouvoir. Les républicains, qui, depuis le commencement de la guerre, n’ont cessé d’ameuter le peuple de Paris contre l’empire, devaient tout naturellement hériter du pouvoir que Napoléon a laissé tomber de ses mains sous les murs de Sedan.

La république, à ce moment suprême, est un glaive à deux tranchants. Si, comme en 1848, le mouvement révolutionnaire se propage en Italie, en Espagne, en Autriche et en Prusse, il pourra se faire que Guillaume, rappelé chez lui par l’insurrection, se hâte de conclure une paix honorable pour la France. Si, au contraire, l’idée républicaine ne dépasse pas les murs de Paris, alors le gouvernement du 4 septembre aura singuliè-