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voure, ne possèdent pas, comme le vainqueur de Sadowa, ce coup d’œil qui sait embrasser un champ de bataille de plusieurs lieues. Cependant l’élan français pourrait compenser ce qui manque aux chefs en science stratégique, si l’armée se trouvait dans des conditions d’égalité numérique. Malheureusement, depuis que la guerre est commencée, la Prusse a toujours eu en ligne cinq et même sept soldats contre un. Dans la bataille de Sedan, MacMahon avait à lutter, le dernier jour, dans la proportion d’un contre neuf. Si à cela vous ajoutez une artillerie trois fois plus nombreuse, une cavalerie qui est à celle de la France comme dix à un, vous ne vous étonnerez que d’une chose, c’est que l’armée française n’ait pas été anéantie dès le premier jour. Cependant elle a lutté pendant quatre jours, et, le 31, elle était victorieuse sur toute la ligne.

Il faut bien ne pas oublier que, dans la lutte actuelle, ce n’est pas l’armée française qui se bat contre l’armée prussienne, mais toute la nation allemande armée jusqu’aux dents qui vient tomber, comme une masse, sur l’armée française, et non sur la nation, qui n’est pas encore armée.

Le comte de Palikao a commis une grande faute. Au lieu d’appeler sous les drapeaux, immédiatement après Reichshoffen, tous les anciens militaires, tant mariés que célibataires, il a donné des armes aux célibataires seulement. Les Allemands, au nombre de huit cent mille, ont envahi la France. Dans ce chiffre formidable, les hommes mariés de la landwehr et de la