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résister, avec les armes nouvelles, aux masses profondes de l’armée allemande. Songez que la Prusse et ses alliés se lancent sur la France avec plus d’un million de soldats !

On ne voulait pas croire en France que l’Allemagne mettrait un pareil nombre de soldats en ligne, car on supposait que la Prusse allait faire la guerre selon les usages du dix-neuvième siècle, c’est-à-dire qu’elle ne lèverait que le nombre de soldats que l’intendance peut nourrir. Or, il n’y a pas de commissariat qui puisse alimenter un million d’hommes en campagne. On se trompait. Les Allemands comptent, pour se nourrir, non pas sur l’intendance militaire, mais sur les pays amis ou ennemis qu’ils traversent. Ils prennent tout ce qu’ils trouvent chez le bourgeois comme chez le marchand, dans le château comme dans la chaumière. Je n’ai pas besoin de vous dire qu’ils oublient toujours de payer.

Ce n’est pas une guerre, c’est une invasion de hordes barbares, comme celles qui ont détruit l’empire romain, une invasion plus terrible même, puisque les Prussiens sont animés d’une haine féroce contre tout ce qui est catholique et de race latine, tandis que les Huns et les Vandales, sans haine contre les Romains, qu’ils ne connaissaient pas, ne cherchaient, en marchant vers le midi, qu’un sol plus fertile et un ciel plus attiédi.

La religion joue un rôle immense dans la lutte gigantesque à laquelle nous assistons. Tous les journaux