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la vieille Lutèce. J’ai toujours une confiance entière dans l’issue de la lutte. Les Anglais se frottent les mains et crient déjà sur les toits que la France est perdue. Bien que leurs intérêts commerciaux soient avec la nation française, le fanatisme religieux les entraîne du côté de la Prusse protestante.

La France catholique vaincue, humiliée, c’est le commencement de la fin pour la race latine. L’Angleterre, qui a toujours vu d’un œil jaloux le grand rôle que la France joue dans le monde, ne se sent pas de joie en voyant ses kinsmen des forêts de la Germanie vaincre et rançonner cette nation gauloise qui tient depuis si longtemps le flambeau de la civilisation. Ce qu’elle a toujours été incapable de faire, la Prusse semble, pour le moment, en voie de l’accomplir. Mais qu’elle attende la fin, j’espère qu’elle rira jaune.

Vous savez déjà que les Prussiens ont été rossés par Bazaine dans les journées des 14, 15, 16 et 18. Bien que ces combats ne puissent avoir une influence décisive immédiate, ils ont cependant une importance considérable, parce qu’ils empêchent le prince Frédéric-Charles d’opérer sa jonction avec l’aile gauche, commandée par le prince royal. Pendant que Bazaine tient en haleine les Prussiens devant les murs de Metz, MacMahon concentre une armée formidable à Châlons pour livrer bataille au fils du roi de Prusse.

Si les Prussiens perdent une grande bataille dans les plaines de la Champagne, la retraite leur sera coupée par l’armée de Metz. Les hordes de la Ger-