Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quatre-vingt-dix-sept ans, et qui, dans sa vie si longue et si accidentée, avait vu se passer tant de grands événements, avait servi tant de pouvoirs. Membre du parlement en 1787, il fut mêlé à toutes les révolutions qui ont agité la France depuis soixante-dix ans, et, comme M. Dupin aîné, il fut toujours assez habile non seulement pour rester debout, mais encore pour occuper sous tous les régimes des postes importants. Il n’y a rien de bien littéraire dans une pareille existence. Mais à quoi servirait-il d’être grand seigneur si on ne pouvait entrer à l’Académie sans être homme de lettres ?

M. Dufaure, avocat et homme politique, qui n’est pas beaucoup plus littérateur que M. Pasquier, a fait un éloge assez lourd de son prédécesseur.

En répondant au récipiendaire, M. Patin n’a pas été plus heureux, et tous les journaux de Paris ont recommencé leur guerre contre l’Académie.

Sous le régime actuel, les séances publiques de l’Institut ont un grand attrait. Presque tous les académiciens sont opposés à l’Empereur, et une réception académique est toujours une fête attendue avec impatience par les légitimistes et les orléanistes. Le nouvel élu et celui qui le reçoit savent toujours parsemer leurs discours d’allusions plus ou moins voilées au gouvernement de Napoléon, allusions que les belles comtesses et les vieux marquis du faubourg Saint-Germain s’empressent de couvrir d’applaudissements. Comme les partisans des Bourbons n’ont ni la liberté, ni proba-