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« Qu’il vient d’arracher à son nid ?
« L’œil de Satan semblait étinceler dans l’ombre
« Quand s’élevait ce chant inénarrable et sombre
« Comme un cauchemar infini.

« Ô Ver ! d’où viens-tu donc ? quel être corruptible
« Pour la première fois a vu ton œil terrible
« S’ouvrir aux ombres de l’horreur ?
« Sentinelle placée au seuil de la souffrance,
« As-tu pour mission de chasser l’espérance
« Et de me garder la douleur ?

« Es-tu né seulement pour semer l’épouvante,
« Les angoisses sans nom dans la fosse béante
« Qui nous reçoit après la mort ?
« Montes-tu de l’enfer ? descends-tu de la terre,
« Ô maître souverain de ce lieu de misère
« Où jamais la douleur ne dort ? »

le ver.


« Avec ton premier crime, homme ! je pris naissance,
« Je suis presque aussi vieux que toi ;
« Tu m’appelais remords, ou bien la conscience,
« Et maintenant je suis le Roi  !

« Homme ! quand tu vivais je n’étais qu’une idée
« Sommeillant au fond de ton cœur ;
« Cette idée aujourd’hui, par la mort fécondée,
« A pris un corps dans ta douleur.