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À ces récits navrants dont leur âme s’émeut,
Ces enfants des croisés, comme autrefois leurs pères
Allant des Sarrasins braver les cimeterres,
Prennent leur forte épée en criant : Dieu le veut !

La trompette a sonné l’heure de la bataille.
Au bruit des lourds canons vomissant la mitraille,
Comme ces paladins que célébrait Tasso,
Ils font étinceler leur glaive formidable,
Et, pendant tout un jour, leur ardeur indomptable
A fait trembler le sol de Castelfidardo.

Enveloppant leur mort dans un linceul de gloire,
Ils tombent en léguant leurs grands noms à l’histoire,
Comme tombait Roland aux champs de Roncevaux.
La victoire, en pleurant, délaisse leurs bannières ;
Car la gloire, fidèle à ces âmes guerrières,
Refuse de la suivre et garde leurs tombeaux !

Pimodan ! ô héros digne d’une épopée !
Homme des temps anciens, dont la puissante épée
Pour ceux que l’on opprime a toujours combattu ;
Toi, que Rome païenne eût mis au Capitole,
Les siècles salûront l’immortelle auréole
Qui couronne ton front, ô glorieux vaincu !



Fille des chevaliers, ô vieille et forte race,
Comme aux jours de Bayard, sans reproche et sans peur,
Tu gardes fièrement le drapeau de l’honneur,
Sans craindre les clameurs de la foule qui passe.