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L’Escurial immense et sombre
Comme un remords au fond du cœur,
Et l’Alhambra qui fait dans l’ombre
Étinceler son front vainqueur ;

Me verraient sur ces douces rives,
Trouvant un bonheur sans pareil,
M’abreuver à leurs sources vives
De fleurs, de parfums, de soleil.

J’irais dans la fière Venise,
La ville du grand Faliero,
Me plaçant sur la tête grise
Des vieux lions de San-Marco,

Écouter dans les sérénades
La voix des amours infinis,
Se mêlant dans les mascarades
Aux rires des fantoccinis.

J’irais sur la rive sonore
Où le divin Tasse mourant,
Rêvant toujours d’Éléonore,
Fit entendre son dernier chant ;

J’irais, ô plage de Sorrente !
Demander à tes doux échos,
Demander à ta vague errante
Le triste récit de ses maux.