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Par les sanglots,
S’arrête au-dessus de la grève
Où sa mourante voix s’élève,
Et dit ces mots :

« Au fond des vagues murmurantes,
« Là-bas, dans les algues mouvantes,
« M’entendez-vous,
« Objets bénis de ma tendresse,
« Vous qui remplissiez d’allégresse
« Mes jours si doux ?

« M’oubliez-vous, pauvre isolée,
« Que personne n’a consolée
« Dans ses douleurs ?
« Car je suis seule sur la terre,
« Seule et mêlant à l’onde amère
« Mes tristes pleurs.

« Chaque soir ma voix gémissante
« Vient répéter à l’onde errante
« Vos noms chéris ;
« Nul ne répond à ma prière,
« Et l’écho seul de la rivière
« Redit mes cris.

« Puisque sans vous je ne puis vivre,
« Ah ! je saurai du moins vous suivre
« Au sein des flots.
« Si vous saviez comme je souffre !…
« Mais des chants s’élèvent du gouffre,
« Du fond des eaux !