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Quand elle allait dans les prairies,
À l’heure où des roses fleuries
Luit la splendeur,
Devant cette pure auréole
Le lis, inclinant sa corolle,
 Disait : Ma sœur !

Quand elle allait au champ agreste,
Seule avec son gardien céleste,
Divin appui,
Du ciel l’immortelle phalange
Se demandait quel était l’ange,
D’elle ou de lui.

La vertu dans ce cœur candide
Brillait comme le flot limpide
D’un lac d’azur ;
Et le mal, qui partout s’attache,
Ne put jamais mettre une tache
Sur son front pur.

Car cette âme chaste et sereine
Ne ressentit jamais la peine
D’un seul remords ;
Au souffle de Dieu qui l’inspire,
Son cœur rendait, comme une lyre,
De doux accords.

II

Avril était venu ; la terre
Chantait sa chanson printanière ;