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« – Ô mon Dieu, disait la plus vieille,
« Sur tous ses jours que votre œil veille,
« C’est mon seul fils !
« Son frère, un jour, quitta sa mère ;
« Hélas ! sur la rive étrangère
« Je le perdis.

« Dans les misères de la vie,
« Il est de ma force affaiblie
« Le seul soutien !
« Faites, Seigneur, que dans son âme
« Il conserve la sainte flamme
« Du vrai chrétien. »

« – Mère de Dieu, ma protectrice,
« Au matelot Vierge propice,
« Disait tout bas
« Une voix fraîche et gémissante,
« Sur les flots, dans sa course errante,
« Guidez ses pas.

« C’est mon fiancé, c’est mon frère,
« Et pour moi, pour elle, sa mère,
« Gardez-le-nous ;
« Pour nous, par la douleur glacées,
« Qui prions, pauvres délaissées,
« À vos genoux. »

Or, cette voix fraîche et sonore,
Qui mêlait au chant de l’aurore