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poésies.


Aux bords du Saint-Laurent jetés par la tempête,
D’héroïques débris de ces jours de conquête
Ont chanté parmi nous le culte du Héros.
En trouvant sous le ciel de la Nouvelle-France
Les mêmes souvenirs et la même espérance,
Ils semblaient oublier leurs maux.

Québec a conservé la touchante mémoire
Du vieux soldat français dont l’humble et noble histoire
Occupera longtemps les récits du foyer.
Souvent on redira les bienfaits populaires,
L’honneur, la modestie et les vertus austères
Du soldat et du jardinier.

Le sombre Escurial et l’alcazar mauresque
L’avaient vu prendre part au drame gigantesque
Que le soleil d’Espagne éclaira de ses feux ;
Sous le ciel canadien trouvant une patrie,
Aux travaux des jardins il consacra sa vie,
Dont les jours s’écoulaient heureux.

Que de fois appuyé sur sa bêche immobile,
Fixant sur l’horizon son œil doux et tranquille,
Il semblait contempler tout un monde idéal.
Oh ! sa jeunesse alors, avec sa sève ardente,
Déroulant les anneaux de cette vie errante,
Lui montrait le pays natal.

Ô rivages du Rhône ! Ô bords de la Durance !
Beaucaire, où s’écoulaient les jours de son enfance,