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poésies.


Puis, quand il disparut de cette haute cime
Où lui seul ait jamais atteint,
Bien des vaillants acteurs de ce drame sublime
Dont le soleil était éteint,
Pour calmer la douleur de leur âme accablée,
Cherchèrent un monde nouveau ;
Et, pleurant son enfant, la Gloire désolée
Alla veiller sur son tombeau.




Quand le fier paladin des jours de Charlemagne
Enfin eut succombé dans la sombre montagne,
Léguant à Roncevaux un nom resplendissant,
Tous les preux échappés au sanglant cimeterre
Se firent troubadours pour redire à la terre
La gloire et la mort de Roland.

Ainsi quand fut tombé le géant des armées,
Dédaignant de servir sous les tristes pigmées
Qu’à la France imposaient les Cosaques du Don,
Des soldats d’Austerlitz, vieillis par la victoire,
Sous les cieux étrangers vinrent chanter la gloire
Et la mort de Napoléon.

Sur les bords africains, dans les jungles de l’Inde,
Sous le ciel radieux où combattit Clorinde,
Dans les climats glacés où règne encore Odin,
Laissant sur l’univers une trace profonde,
Ils ont gravé ce nom qui brille sur le monde
Comme l’étoile du matin.