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poésies.

Vous qui dormez dans votre froide bière ;
Vous que j’implore à mon dernier soupir,
Réveillez-vous ! Apportant ma bannière,
Sur vos tombeaux, je viens ici mourir. »

À quelques jours de là, passant sur la colline,
À l’heure où le soleil à l’horizon s’incline,
Des paysans trouvaient un cadavre glacé,
Couvert d’un drapeau blanc. Dans sa dernière étreinte
Il pressait sur son cœur cette relique sainte,
Qui nous redit encor la gloire du passé.

Ô noble et vieux drapeau, dans ce grand jour de fête,
Où, marchant avec toi, tout un peuple s’apprête
À célébrer la France, à nos cœurs attendris
Quand tu viens raconter la valeur de nos pères,
Nos regards savent lire en brillants caractères
L’héroïque poème enfermé dans tes plis.

Quand tu passes ainsi comme un rayon de flamme,
Ton aspect vénéré fait briller dans notre âme
Tout ce monde de gloire où vivaient nos aïeux.
Leurs grands jours de combats, leurs immortels faits d’armes,
Leurs efforts surhumains, leurs malheurs et leurs larmes,
Dans un rêve entrevus, passent devant nos yeux.

Ô radieux débris d’une grande épopée !
Héroïque bannière au naufrage échappée !
Tu restes sur nos bords comme un témoin vivant
Des glorieux exploits d’une race guerrière ;
Et, sur les jours passés répandant ta lumière,
Tu viens rendre à son nom un hommage éclatant.