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poésies.


Sous ce ciel toujours pur où fleurit le lotus,
Où s’élèvent les murs de la riche Golconde,
Dupleix, portant son nom jusqu’aux bords de l’Indus,
À l’étendard français avait conquis un monde.
Le roi n’avait pas d’or pour aider ce héros,
Quand il en trouvait tant pour ses honteuses fêtes.
Abandonné, Dupleix aux mains de ses rivaux
Vit tomber en un jour le fruit de ses conquêtes.

De tout ce que le cœur regarde comme cher,
Des vertus dont le ciel fit le parfum de l’âme,
Voltaire alors riait de son rire d’enfer ;
Et, d’un feu destructeur semant partout la flamme,
Menaçant à la fois et le trône et l’autel,
Il ébranlait le monde en son délire impie ;
Et la cour avec lui, riant de l’Éternel,
N’avait plus d’autre Dieu que le dieu de l’orgie.

Quand le pauvre soldat avec son vieux drapeau
Essaya de franchir les portes de Versailles,
Les lâches courtisans à cet hôte nouveau,
Qui parlait de nos gens, de gloire, de batailles,
D’enfants abandonnés, des nobles sentiments
Que notre cœur bénit et que le ciel protège,
Demandaient, en riant de ses tristes accents,
Ce qu’importaient au roi quelques arpents de neige !

Qu’importaient, en effet, à ce prince avili
Ces neiges où pleuraient, sur les plages lointaines,
Ces fidèles enfants qu’il vouait à l’oubli !…
La Dubarry régnait. De ses honteuses chaînes