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poésies.

Paraissent parmi nous en ce jour solennel,
Ce n’est que pour ceux-là. Seuls ils peuvent entendre
Les secrets de la tombe. Eux seuls savent comprendre
Ces pâles mendiants qui demandent le ciel.

Les cantiques sacrés du barde de Solyme,
Accompagnant de Job la tristesse sublime,
Au fond du sanctuaire éclatent en sanglots ;
Et le son de l’airain, plein de sombres alarmes,
Jette son glas funèbre et demande des larmes
Pour les spectres errants, nombreux comme les flots.

Donnez donc en ce jour, où l’église pleurante,
Fait entendre pour eux une plainte touchante,
Pour calmer vos regrets, peut-être vos remords,
Donnez, du souvenir ressuscitant la flamme,
Une fleur à la tombe, une prière à l’âme,
Ces deux parfums du ciel qui consolent les morts.

Priez pour vos amis, priez pour votre mère,
Qui vous fit d’heureux jours dans cette vie amère,
Pour les parts de vos cœurs dormant dans les tombeaux.
Hélas ! tous ces objets de vos jeunes tendresses
Dans leur étroit cercueil n’ont plus d’autres caresses
Que les baisers du ver qui dévore leurs os.

Priez pour l’exilé, qui, loin de sa patrie,
Expira sans entendre une parole amie ;
Isolé dans sa vie, isolé dans sa mort,
Personne ne viendra donner une prière,
L’aumône d’une larme à la tombe étrangère !
Qui pense à l’inconnu qui sous la terre dort ?