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poésies.


Soit que l’orage gronde et, courbant notre tête,
Fasse peser sur nous les maux de la conquête ;
Soit que, libres enfin après bien des combats,
Nous gardions de ton sang l’indomptable puissance,
Ô mère ! c’est vers toi que notre cœur s’élance
Et que tendent nos bras.

Aux jours même où chantant l’hymne de la victoire,
Sous le ciel canadien nous redisions ta gloire,
Un homme s’est trouvé pour attaquer ton nom ;
Un gouverneur anglais vint insulter ta race
Qui fait briller aux lieux où se grave sa trace
Un lumineux rayon.

Ainsi quand un héros montait au Capitole,
Acclamé par la foule et ceint de l’auréole
Qui vient illuminer le courage vainqueur,
Il entendait toujours sur la route sacrée
Retentir dans les airs la parole acérée
D’un esclave insulteur.

Mais bientôt, s’arrêtant sur la colline sainte,
Du temple il franchissait la redoutable enceinte ;
Puis aux pieds des autels il rendait grâce aux dieux,
Et devant le Sénat debout sous le portique,
Le pontife posait la couronne héroïque
Sur son front glorieux.

Tandis que l’insulteur, que cet esclave immonde
Se trouvait isolé dans sa honte profonde,