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avis au lecteur

monde, soit en moyenne 200 dans chacune des principales langues. Si on le traduisait dans chacune d’elles, aucune de ces traductions ne ferait ses frais ; donc on ne le traduira pas. Mais si on le traduit dans la L. I., cette traduction trouvera un débouché suffisant. Ajoutez à cela qu’on aura économisé le temps et la peine de quatre ou cinq traducteurs (surtout si l’auteur écrit directement dans la L. I.), et qu’on aura mis l’ouvrage d’un seul coup à la portée de tout le public international, alors qu’il serait resté longtemps, peut-être même toujours, ignoré d’une bonne moitié. Tel serait un des avantages d’une langue unique et commune à tous les peuples.

Avis au lecteur.

Jusqu’ici je n’ai fait que commenter la Déclaration collective qui doit servir de base d’entente à tous les délégués présent et futurs, et pour laquelle nous sollicitons les adhésions. Une fois l’accord établi sur ces principes, toutes les opinions sont libres. Je demande donc la permission d’exprimer la mienne, pour plusieurs raisons. D’abord, délégué par le Congrès de Philosophie pour étudier la question de la L. I., je dois rendre compte de mon mandat à ceux qui me l’ont confié, les tenir au courant de mes études et leur en communiquer le résultat. Ensuite, la première et la plus grave objection qu’on adresse à la L. I. est celle-ci : Est-elle possible ? Or nous serions coupable de légèreté, sinon d’abus de confiance, si nous faisions de la propagande pour un projet, sans nous être assuré de sa possibilité. Pour cela, il a bien fallu que nous prenions connaissance de quelques-uns des essais ancien ou contemporains de la L. I., d’autant plus que l’existence de systèmes actuellement pratiqués est la meilleure preuve de sa possibilité. En outre pour répondre à certaines objections et réfuter certains préjugés contraires à la L. I., nous sommes obligé de préciser et de fixer les idées, parce que certaines critiques portent contre certains systèmes et non contre les autres.

Enfin, nous devons supposer que nos lecteurs n’ont aucune idée d’une L. I., et ne connaissent aucun projet, ou, qui pis est, n’en connaissent que de défectueux ; il est donc nécessaire de leur donner un aperçu comparatif des divers systèmes proposés, et d’éclairer leur jugement. N’étant ni l’auteur ni même l’adepte d’aucun projet parti-