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Et ces deux entreprises, à leur tour, s’impliquent l’une l’autre et devraient être menées de front : car la Caractéristique suppose toutes les notions scientifiques réduites en un système logique et subordonnées à un petit nombre de catégories, c’est-à-dire l’Encyclopédie achevée ou tout au moins assez avancée ; el d’autre part la Caractérislique paraît indispensable à la constitution de l’Encyclopédie, car c’est elle qui sert à déterminer l’enchainement logique des vérités scientifiques et mème l’ordre hiérar-chique des sciences !. Pour éviter cetie sorte de cercle vicieux, il faudra que la Caractéristique et l’Encyclopédie s’élaborent parallèlement et marchent du même pas. Leibniz a parfaitement compris celle connexion nécessaire entre les deux parties de son projet, qui n’en consliluait pas la moindre difficulté*. Pour le moment, il nous suffit de remarquer cetle connexion, et de faire ressortir le plan d’ensemble de ce gigantesque projet ; mais, pour la clarlé de l’exposition, nous serons obligé d’éludier séparément et successivement la Caractéristique ct l’Encyclopédie, sans oublier d’ailleurs le lien qui les unit. 4. « Qua ratione etiam apparehbit Ordo Scientiarum characteristice tractatarum...... » (Phil, VIL, 205 ; ef, p. 187.)


2. « La Caracterislique que je me propose ne demande qu’une espece d’Encyclopedie nouvelle. L’Encyclopedie est un corps, où les connaissances humaines les plus importantes sont rangées par ordre. Catte Encyclopedie estant faite selon l’ordre que je me propose, la caractéristique seroit quasi toute faile, cependant ceux qui y travailleroient n’en sçauroient pas le dessein, croyant de travailler seulement à une Encyclopedie. L’Encyclopedie cependant toute seule seroit tres plausible et d’un grand usage. Pour en venir à bout il faudroit se servir de plusieurs moyens joints ensemble. Pour cet effect il seroit bon d’etablir une espece de societé de quelques habiles gens en Allemagne, qui travaillent chacun de son costé et suivant son plaisir suivant la methode que je leur proposeray, et qui sera asseurement au goust des personnes de merite. » (Phil., VII, B ut, 11, ap. Bodemann, p. 97 ; le commencement seulement ap. Phil, VIT, 40.)