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Et comme vous l’aimez, lui peut-être il vous aime
Quand mille autres amours sollicitent le sien ;
Pour vous joyeusement il donnerait de même
Sa jeunesse si belle, à l’instant ? — Je crois bien !

Jules de Rességuier.
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LES CHANTS DE LA FAMILLE.

À UN ENFANT.

Enfant, vous avez pris un oiseau dans un champ,
Et vous voilà joyeux, et vous criez victoire ;
Et le pauvre petit dans une cage noire,
Se plaint, et vous prenez sa plainte pour un chant.

Déjà depuis longtemps votre désir l’assiége,
En écoutant son chant qui trahissait son vol ;
Vous vous couchiez tremblant tout au long, sur le sol,
Pour qu’il ne vous vît pas et qu’il se prît au piège.

Il va vous amuser ainsi jusqu’à demain
Et pour ce court plaisir vous lui coupez les ailes.
Tout en l’enfermant bien entre ces barreaux frôles,
Pour qu’il ne vole pas plus haut que votre main.

Et vous le regardez, enfant, depuis une heure.
Meurtrir son petit bec dans un étroit cachot.
Courir aux quatre coins, voler de bas en haut,
Avec le cri plaintif de tout âme qui pleure.

Et pourtant vous semez sa cage de bouquets,
Pour qu’il revoie encor quelques fleurs, ses compagnes
Comme hier où sa voix égayant les campagnes
Versait, parfum noté, ses chants sur les bosquets.