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Et l’enfant, que le charme enivre,
Près du cavalier vient s’asseoir :
— Vous dites, si je veux vous suivre,
Que je peux revenir ce soir ?

— Oui, ce soir même, enfant ; mais songe
Qu’il est déjà tard ; tu m’entends.
Partons : vois l’ombre qui s’allonge !
Bientôt il ne serait plus temps.

Et son œil, plein d’inquiétude,
Suit du val le sentier battu ;
Rien ne trouble la solitude,
Mais l’écho du lavoir s’est tu !

L’enfant alors : — Pour que je monte,
Approchez-vous de l’escalier
Que cette croix ici surmonte.
La voyez-vous, beau cavalier ?

Le cheval recule et se cabre…
— Comme il a frémi tout à coup
Votre cheval ! tirez le sabre,
Peut-être qu’il a vu le loup !

— Il l’a vu, sans doute ; et je tremble,
Que deviendrais-tu là, tout seul ?
Viens, cher enfant ; allons ensemble
Derrière cet épais tilleul.

Et l’enfant, tendant sa main blanche,
Suit le cheval, cède à l’attrait…
Le cavalier vers lui se penche,
Le jette en croupe et disparaît.