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Lui, se levant comme mû par un ressort. — Ah ! Assez ! Ne m’exaspère pas ! (Un temps.) T’es-tu assez compromise !…

Elle, à part. — Sale bête, vous allez voir.

Lui, les dents serrées. — Sale bête !

Elle, à part. — Ça y est.

Lui. — Tu t’es conduite…

Elle. — Comme une fille.

Lui. — Parfaitement. Ose un peu dire que ce n’est pas vrai ? Ose-le donc un peu, pour voir ?… Il n’y a pas de danger, parbleu ! Tu t’es couverte d’opprobre.

Elle. — Oui.

Lui. — Tu as traîné dans le ridicule le nom honorable que je porte !

Elle. — Navrante histoire ! A ta place, j’en ferais une complainte.

Lui. — Tu t’es compromise de la façon la plus révoltante !

Elle. — Oui, je te dis !

Elle va se poster devant la cheminée, et là, d’une main qui prend des précautions, elle cueille une large rose épanouie, la met en la nuit de ses cheveux.

Lui. — Et avec un soldat, encore. Car à cette heure tu donnes dans le pantalon rouge. Ah ! C’est du joli ! C’est du propre ! A quand le tour de la livrée ?

Elle, debout devant la cheminée, en jupon et en corset. — Toi, tu as une certaine chance que je t’aie épousé.

Lui. — Pourquoi ?

Elle. — Parce que si c’était à refaire…

Lui. — Penses-tu que je n’en aie pas autant à ton service ? Je te conseille de parler ! Une femme dans ta position… (Long regard ironique de madame.) Oh ! Ne joue donc pas sur les mots. — … se galvauder avec un pousse-cailloux !…

Elle. — D’abord, c’est un officier…

Lui. — C’est un drôle, voilà ce que c’est !… Et un polisson !… Et un sot !… Et un goujat de la pire espèce !… Son attitude à ton égard a été de la dernière inconvenance. Il t’a fait une cour scandaleuse !

Elle, l’ongle aux dents. — Pas ça !