Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/99

Cette page n’a pas encore été corrigée

rouler les pauvres diables d’hommes quand, dans l’encadrement de la porte, parut la pleine lune en saindoux du domestique aux yeux de jars.

— Monsieur est servi.

— Bon ! À table ! s’écria Frédéric Hamiet qui chassa doucement devant lui ses deux convives.

Sur le seuil d’une salle attenante au salon et dont occupait le centre une table servie, illuminée en éblouissements de maître-autel, ceux-ci perdirent un temps précieux à se montrer mutuellement le chemin.

Nous pourrions même dire : « précieux, ô combien ! » avec les personnes appliquées à parler le français simplement, et aussi avec Hamiet qui ne désespérait pas de faire cracher à Gütlight, en dépit de ses professions de foi, les petits billets bleus nécessaires à l’impression et au lancement de L’Informateur Universel, un quotidien d’une très curieuse nouveauté, dont, la veille même, il avait trouvé la formule en retirant ses chaussettes avant de se mettre au lit.

Car un miracle, un miracle seul, avait empêché que la tête lui éclatât comme un siphon, sous la poussée des idées qui n’avaient cessé, depuis huit jours, d’y jouer au Roi détrôné.

Résumons.

Un instant conquis au projet d’affermer à son profit le commerce des allumettes et du tabac sur les plates-formes des autobus et des tramways ; échoué de là dans une ingénieuse application du distributeur automatique à la vente des journaux, ayant pour effet d’épargner à ceux-ci le 33 pour 100 de l’intermédiaire, puis dans un supposé de combine avec la Cie des Wagons-Restaurants pour l’adjonction d’une voiture-souper aux trains de nuit (progrès dont s’imposait le bes