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MADAME DESBORDES-VALMORE À BORDEAUX

la nomma inspectrice des écoles de la Seine. Marceline annonça la bonne nouvelle à Gergerès le 26 avril 1849 :

Hippolyte est aux appointements, travaillant ferme, à la façon du laboureur qui sème le blé sain. Moi, je n’ai perdu que 1.200 francs dans cette mêlée. Le lambeau qui me reste, c’est le fil de la Vierge qui nous laisse flotter au-dessus de l’abyme.

Ondine est dame inspectrice d’un quart des pensionnats de Paris. C’est très honorable, mais bien fatigant pour cette chère et petite colombe qui est revenue au toit paternel. Je voudrais bien lui en voir un conjugal. Pleine de grâce et de vertus solides, ce serait une bénédiction qui satisferait son père. Elle n’y songe pas ; elle travaille toujours et pense aux fleurs[1].

On sait qu’Ondine, après avoir été aimée de Latouche et de Sainte-Beuve, épousa, en janvier 1851, un avocat, Jacques Langlais, député de la Sarthe, et mourut, le 12 février 1853, à trente-et-un ans, emportée par la même mal que sa sœur[2].

Ces citations montrent l’intimité qui ne cessa jamais d’exister entre Marceline et Gergerès. Mais il y avait entre eux d’autres échanges que de nouvelles. Gergerès lui envoyait de ses vers ; elle les trouvait « d’un vrai qui déchire ». Elle lui en envoyait des siens, qu’elle avait écrits « sans les avoir composés », « venus comme cela dans un de ces moments d’amour triste dont on mourrait peut-être, si l’on ne fondait en larmes, en poésie[3] ». Ces vers, qu’elle adressait à Bordeaux, elle les appelait joliment « une alouette » qu’elle tenait par les ailes et à qui elle allait « donner la volée par la poste[4] ». En juin 1833, Gergerès lui fit imprimer une pièce, L’Attente[5], dans la nouvelle revue bordelaise de Lacour, La Gironde[6], à laquelle il donna lui-même un compte-rendu du livre en prose de Marceline, L’Atelier d’un peintre. Il y disait que ce livre « sera bientôt ce que les Anglais appellent une lecture favorite ; il ne peut, d’ailleurs, qu’ajouter à la réputation bien établie d’une femme qui, après avoir placé son nom au rang des plus belles illustrations poétiques de son sexe, peut désormais marcher l’égale de nos plus intéressants romanciers[7] ». Le 6 mai 1834, elle

  1. Lettres inédites, p. 86-87.
  2. Boulenger, Ondine Valmore, p. 61.
  3. Lettres inédites, p. 33-34 (11 février 1829).
  4. Ibid., p. 37 (12 septembre 1829).
  5. Cf. Poésies, éd. Lemerre t. I, p. 99-100.
  6. T. I, p. 44.
  7. T. I, col. 651-653.