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MADAME DESBORDES-VALMORE À BORDEAUX

Williams alla mourir misérablement à l’hôpital d’Alger. Ses dernières pensées furent pour Marceline, dit Hippolyte Valmore[1].

Parmi les amis bordelais de Marceline, il faut encore citer Cécile Rémy, une vieille amie, qui avait été jadis, dit-on, celle de Fabre d’Églantine et qui tenait un cabinet de lecture, fossés de l’Intendance, n° 39[2]. Marceline le fréquentait et c’est là sans doute qu’elle se tenait au courant des productions nouvelles. Elle-même, d’ailleurs, produisait. Le 28 février 1826, elle annonçait à son oncle Constant l’envoi d’un poème, Le Pauvre Pierre, à lui dédié, qui parut dans le recueil de 1830[3] et qu’elle avait d’abord communiqué au Dr Alibert : « Vous le recevrez dans peu de jours, lui écrivait-elle, avec d’autres poésies, dans lesquelles M. de Latouche, qui ne se lasse pas d’être toujours bien pour nous, choisira ce qu’il faut livrer à l’impression pour satisfaire à la demande de M. Ladvocat[4]. » Le 24 mai suivant, elle envoyait à son ami Duthillœul, à Douai, celui qui, en mai 1824, lui avait adressé des fleurs cueillies sur les remparts de sa ville natale, qui inspirèrent à Marceline son élégie La Fleur du sol natal, des « poésies inédites », en lui disant d’en disposer comme il voudrait[5]. Le 21 juin, elle adressait à son oncle Les Deux Ramiers et s’informait de ce que Latouche faisait de ses vers :

On m’a dit que M. de Latouche avait les vers que je destinais à l’impression et qu’il trouve mieux de garder pour une autre fois. Il ne nous écrit pas, et je ne veux pas le fatiguer de nos lettres, mais dites-lui, en le remerciant mieux que je ne le ferais moi-même, qu’il devrait me faire envoyer une épreuve pour que je voie comme on m’arrange, car ils font tout cela comme si j’étais morte. Il faut qu’il obtienne de M. le libraire qu’il fasse mettre deux lignes en note au bas du Lépreux, que cette faible-copie est un hommage (ou quelque chose comme cela) rendu à l’auteur du Lépreux de la cité d’Aoste. Et à propos, si le Pauvre Pierre n’est pas adressé à M. Alibert, croyez-vous qu’il soit content ? Arrangez cela selon son goût, car, d’un autre côté, c’est bien peu de chose à lui offrir. Je suis très confuse et presque affligée des soins et des peines que prend pour nous M. de Latouche… Mon oncle, adieu, je vous quitte pour aujourd’hui. Ces stupides des rues crient la condamnation à mort d’un malheureux. Comme c’est agréable à entendre !… Ah ! les vilains crieurs des rues ! Mon oncle, il faut que je vous quitte et que je fasse du bruit avec des meubles[6]

  1. Lettres inédites, p. 32, n. 3.
  2. Aujourd’hui cours de l’Intendance, 57. — Cf. Pougin, p. 208.
  3. T. III, p. 59-86.
  4. Pougin, p. 148.
  5. Ibid., p. 158.
  6. Pougin, p. 161-163.