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CHAPITRE PREMIER



La fatalité, qui préside aux événements de notre vie, paraît dormir dans les temps calmes ; que le vent se lève, elle s’éveille et nous balaie comme un fétu de paille…

Ainsi, petit peuple paisible et hospitalier, fûmes-nous emportés tout à coup dans l’effroyable tourmente de la guerre.

L’occupation durait depuis des mois. Chaque jour, l’ennemi parjure redoublait de rigueur dans la contrainte, faisant un odieux abus de sa force. Mais la Belgique opprimée ne désespérait pas ; armée d’une constance inébranlable, elle attendait l’heure qui la revancherait de tant d’humiliations et de maux.

Déjà les atroces vainqueurs, dessoûlés de leurs premiers et faciles avantages, redoutant l’avenir impénétrable aux rayons fulgurants de leurs projecteurs, offraient le désarmement général. Ils voulaient se reposer de leurs forfaits. Ô stupidité teutonne ! Nos canons, toujours tonnants, répondaient : « Non, jusqu’au bout ! »

Et l’angoisse étreignait le bas-ventre germain.

Jusqu’à présent la capitale, leur étape de repos et de plaisir, semblait échapper aux sévices trop