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vexée de l’attitude du coiffeur et de plus en plus convaincue qu’on ne lui disait pas la vérité.

— S’il en est ainsi, dit-elle en se rajustant, je n’ai plus qu’à vous faire mes excuses d’être venue vous déranger aussi tard et à rentrer chez moi…

Mais en ce moment, ses yeux s’arrêtèrent sur le joli portrait de jeune femme qui décorait un panneau de la pièce et dont la ressemblance avec la jeune fille la frappa vivement. Alors, elle eut une idée : cette douce image devait être l’objet d’une dévotion particulière dans le logis.

— Je me retire, dit-elle d’une voix grave, mais auparavant laissez-moi insister une dernière fois… Excusez-moi, mais à votre attitude je vois bien que vous me faites un généreux mensonge…

Et fixant Martha qui détournait les yeux :

— Pourriez-vous me jurer que la lettre de M. James a été détruite et qu’elle ne contenait rien d’inquiétant au sujet de mon fils ? Oui, oseriez-vous le jurer, Mademoiselle, sur la mémoire de votre chère mère ?

À ces mots, la jeune fille, déjà énervée par le chagrin, ne put se contenir :

— Oh ! Madame, s’écria-t-elle, comme vous nous faites mal !

Elle éclata en sanglots tandis que son père l’enfermait dans ses bras.

— Oh ! fille, voyons…

Cependant la visiteuse qui ne s’attendait pas à cette brusque explosion de douleur, avait pâli :