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— C’est à propos de mon fils que je voudrais vous parler.

À ces mots, le père et la fille échangèrent un regard inquiet :

— Vous avez des nouvelles de M. Victor ? interrogea brusquement Théodore pour dissimuler son malaise. On vous a appris quelque chose ?

— Mais non, répondit tranquillement la charbonnière, nous ne savons rien de nouveau depuis sa lettre d’il y a quinze jours. J’espère que tout va bien et, pour ma part, je ne me tourmente pas outre mesure de cette lenteur des nouvelles. Mais il n’en est pas de même de mon mari, qui manque tout à fait de patience et recommence à nous mettre la mort dans l’âme avec ses absurdes pensées…

Elle avait toujours posé au caractère viril et tenait à sa réputation de femme forte. C’est ainsi qu’elle entendait en ce moment masquer sa propre anxiété en ne parlant que des sombres appréhensions du bon charbonnier :

— J’ai beau le rassurer en lui montrant que Victor est moins exposé quun autre, il ne veut rien admettre. Voyez s’il est peu raisonnable ! Il n’a pas même confiance en vous ! Et savez-vous pourquoi ?

Tremblant, Théodore fit un vague geste de surprise :

— Parce que vous ne lui avez pas fait lire comme d’habitude la lettre de votre fils… « Pour sûr que Théodore veut nous cacher quelque chose », répète-t-il sans cesse. C’est une idée fixe. Alors, afin de le calmer je lui ai dit que je vous