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discrétion ou de scrupules ne menait à rien Mais le jeune homme ne profitait pas de ces beaux discours, qui l’eussent promptement détaché de sa mère s’il ne s’était souvenu des grandes qualités qu’elle dissimulait sous sa rudesse.

Son père le comprenait bien mieux ; sans jamais lui donner ouvertement raison par crainte de déplaire à sa femme, il ne le blâmait pas non plus et savait l’encourager par sa grande tendresse. Cet homme effacé, passif, était la bonté même ; son rôle secondaire dans le ménage, les besognes matérielles qu’il accomplissait ponctuellement chaque jour sans récriminer, les observations revêches qu’il recevait si souvent de sa femme avec philosophie, tout cela attendrissait son fils qui l’eût voulu sans doute plus énergique, mais ne l’en aimait que davantage pour sa faiblesse.

Il était aussi le préféré de sa fille Charlotte pour laquelle, au rebours de sa mère, il avait toutes les indulgences, ce qui du reste ne lui était pas imputé à grief, Mme  De Bouck n’ayant pas pour cette « boulotte » réjouie les grandes visées qu’elle entretenait à l’égard de son fils. Aussi, lorsque Ernest Spreutels, le fils unique du boisselier s’était enfin déclaré, la charbonnière, vu la bonne mine et les ressources du jeune homme, qui jouissait d’une portion de l’héritage de sa défunte mère, n’avait fait aucun froncement de sourcils et, avec une aménité à laquelle personne ne se fût attendu de sa part, s’était montrée favorable en principe à l’union des jeunes gens. Il est vrai que pour ne pas