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— Promettez-moi d’être raisonnable… Est-ce que moi aussi je ne suis pas votre amie ? Vous me feriez beaucoup de peine en ne comptant pas sur mon affection dans ces tristes moments…

Il la regardait avec une douceur éplorée, infinie :

— Que vous êtes bonne, Mademoiselle Martha ! Ah ! je me dis souvent que sans vous je n’aurais peut-être pas supporté l’absence de Monsieur Prosper avec autant de patience…

— Je ne vous abandonnerai pas ! s’écria-t-elle dans un élan de compassion. Ne suis-je pas devenue un peu comme votre grande sœur ?

Il abaissa lentement ses paupières tant les beaux yeux de la jeune fille avaient un éclat insoutenable à son humilité d’infirme :

— Oh ! je vous remercie, dit-il en détournant la tête. C’est encore trop pour un malheureux comme moi. Mademoiselle Martha, moi aussi je vous aime bien…

Mais il craignait de laisser déborder son cœur et détournant la conversation :

— Que faire maintenant lorsque M. et Mme  Claes descendront tout à l’heure dans le magasin ? Dois-je leur dire que vous êtes venue ? Comment leur annoncer le fatal événement… Le vieux patron est déjà si affaibli, si mal portant…

Elle réfléchit un instant :

— Si l’on attendait le retour d’Adélaïde…

— Vous avez raison, dit-il légèrement soulagé. Oui, c’est elle qu’il faut prévenir d’abord, bien que la nouvelle doive la bouleverser autant que ses maîtres…