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Il s’étonnait. Il n’aurait jamais cru cela. Et que ferait-on si la guerre se prolongeait outre mesure ? Il faudrait fermer. Avoir fait tant de frais pour rien, quel désastre !

Mais une autre pensée parut lui traverser l’esprit comme soudainement :

— Et si Monsieur Prosper était… empêché de revenir ?

Certes, il ne le souhaitait pas, mais cela était dans les choses possibles. Alors que deviendrait le magasin ? Car ce n’est pas le père Claes, vieux et paralysé, qui pouvait encore diriger les affaires. Au surplus, il n’avait aucun proche parent auquel il pût les céder. Une petite nièce qui habitait la province, n’était-ce pas sa seule et insuffisante descendance ?

Toutes ces réflexions cruelles autant qu’indiscrètes et qui témoignaient des enquêtes et bonnes informations du représentant de fabriques, accablaient le commis d’un malaise intolérable. Il se disait que pour n’avoir rien de menaçant ni de belliqueux, ce reitre n’en était peut-être que plus inquiétant. Le pauvre garçon restait abandonné à lui-même : personne qui vînt à son aide, pas même un client ou quelque acheteur de hasard, dont l’opportune visite lui aurait fourni l’occasion de se débarrasser poliment de ce redoutable visiteur.

Il ne savait à quoi se résoudre et caressait Miaoutte par contenance quand un aboiement se fit entendre. En même temps la porte de la rue s’ouvrit comme par enchantement et Tom se précipita dans le magasin.