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des écritures qu’il remettait le lendemain à un individu bancal et mystérieux, avec lequel il avait de longs apartés dans le fond du magasin.

De fait, cet homme était le messager de Prosper qu’il rencontrait ponctuellement à des époques et des endroits déterminés ; il en rapportait les lettres adressées aux quincailliers en même temps que des instructions secrètes pour Adélaïde, qui avait réussi à découvrir la maison de retraite où Mlle L’Hoest était enfermée et, à l’insu de ses maîtres selon le vœu de Prosper, servait d’intermédiaire entre les amants.

Ainsi le soldat se sentait allégé d’un grand poids dans l’accomplissement de son devoir ; il continuait de veiller de loin sur Camille, à soutenir son courage, et d’autre part la jeune fille ne manquait aucune occasion de le rassurer sur son ferme propos de résister à ses parents et de n’être qu’à lui. Aussi bien, en pouvait-il douter après ce que la prisonnière lui laissait deviner dans chacune de ses tendres lettres ?…



Or, l’armée belge repliée sur l’Yser tenait de nouveau en échec l’ennemi formidable. Soldat dégourdi, plein de bravoure, Prosper s’était particulièrement distingué dans les combats d’avant-garde ; promu sergent et décoré de la croix de guerre, on le désignait déjà comme l’un des plus dignes d’être envoyé à l’école militaire de Gaillon pour passer l’examen d’officier.