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Il attendait dans la petite pièce contiguë au magasin où leur première entrevue avait eu lieu au cours de l’an passé.

— Ma fille ! s’écria le prêtre en s’élançant au-devant de la jeune femme.

— Monsieur, dit-elle défaillante sous son baiser paternel, monsieur l’abbé, je vous ai attendu… Oh ! comme vous avez tardé à revenir ainsi que vous l’aviez promis !

Il s’excusait :

— Oui, j’aurais pu vous revoir plus tôt… J’en avais le plus vif désir… J’y ai résisté pourtant dans la crainte que les contingences de la guerre ne vinssent démentir tout à coup les informations consolantes dont je voulais vous faire part.

— Les informations consolantes ?

— Vous souvient-il de ce soldat ramassé sur le champ de bataille et qui me confia de précieux documents ?

— Si je me rappelle ! Vous ne le connaissiez pas. Mais je savais, moi, que c’était le brave Victor De Bouck, parti à la recherche du corps de son ami…

Le prêtre saisit les mains de la jeune femme et, dans un effort pour maîtriser son émotion :

— Mon enfant, je vous cachais la vérité en disant que ce blessé m’était inconnu… Le soldat que j’assistais en ce moment suprême n’était pas celui que vous croyez…

— Mais alors, murmura-t-elle bouleversée, quel était cet homme qui portait sur lui des papiers concernant notre famille ?