Flandre, quand une bourgeoise qui fuyait le heurta au risque de le renverser si un arbre du boulevard ne s’était trouvé là juste à point pour l’aider à reprendre son équilibre.
— Oh ! Monsieur, je vous demande bien pardon, fit la jeune femme en suspendant sa course, mais je suis comme stupide… Est-ce que ça est bien vrai maintenant ? Moi, je ne sais tout de même pas le croire !
— Mais qu’est-ce qu’il y a ? interrogea le jeune homme en dévisageant cette petite dame qui lui semblait décidément un peu folle ; je sors de chez moi et ne suis au courant de rien.
— Comment, vous n’avez pas lu les affiches ?
— Je ne les lis jamais ! dit-il d’un ton sec.
— Moi non plus, savez-vous ! Mais aujourd’hui, ça n’est pas la même chose !
— Et pourquoi donc ?
— Mais c’est les affiches des soldats boches ! Ils ne veulent plus se battre. Le kaiser demande « l’amistrice » et, maintenant, la guerre est finie ! Quel bonheur, n’est-ce pas ? Mais, excusez-moi, je cours vite à la maison !
Abasourdi, le jeune homme demeurait là sans bouger, incapable de vaincre son inertie et de rassembler ses esprits. Puis, dans une brusque détente, son cerveau se reprit à réfléchir :
— Mais oui, dit-il en se parlant à lui-même, c’est la confirmation des dernières nouvelles de Lust… Plus de doute : cette fois, les Boches sont bien par terre, à genoux !
Et une joie immense se mit à bouillonner dans