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et parût même toute réembellie par son bonheur maternel, elle avait des instants de mélancolie profonde qui n’échappaient pas aux vieux quincailliers.

Toutes les joies de la maternité, mais sans l’amour, voilà ce que lui réservait un veuvage obstiné à demeurer fidèle au souvenir d’une seule affection. L’ambition de bien élever son fils lui suffirait-elle pour être complètement heureuse ? Malgré l’enfant, ne sentirait-elle pas toujours dans son cœur un vide douloureux ? L’avenir lui apparaissait donc embrumé de tristesse. Son fils lui serait une grande consolation, certes, mais pourrait-elle oublier ce dont il la consolerait ? Toute sa ferme raison ne saurait jamais la résigner au dénouement si brusque d’une grande passion.

Dans ces heures sombres, elle se rappelait les paroles du vieux missionnaire et son cœur en palpitait de nouveau…

« Espérez, ma chère fille ; un jour viendra où, sans plus aucune répugnance, vous vous abandonnerez au courant de la vie. Tout recommencera peut-être et vous serez une femme heureuse… ».

Un an déjà qu’elle avait reçu sa visite. Il n’était point revenu, mais son image vénérable restait profondément gravée dans la mémoire de Camille ainsi que les moindres détails de ses attitudes. L’émotion, qui avait souvent percé à travers le calme apparent de son débit et de ses gestes, cette tendresse témoignée au petit garçon étaient pour la jeune femme des sujets de