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CHAPITRE XV



Péro grandissait, plein de vie et babillant déjà avec une facilité étonnante bien qu’il eût à peine trois ans et demi. Le ramage clair et délié qui sortait de ses lèvres comme une jolie source, était un perpétuel sujet d’étonnement pour les vieux Claes. Il est vrai que Camille se montrait fort attentive à l’éducation de son fils, se gardant de jamais bêtiser avec lui ni de farcir cette jeune cervelle de mots zézayés et ridicules. Et l’enfant profitait à cette bonne école, servi d’ailleurs par un heureux naturel.

Sa gentillesse enfantine rappelait absolument celle de son père, dont les portraits de garçonnet lui ressemblaient à tel point qu’on les eût pris pour les siens, n’était la décoloration qu’avaient subie ces images du passé. Une telle ressemblance, tant morale que physique, faisait la joie des parents, car ils aimaient Péro moins peut-être parce que c’était lui que parce qu’il recommençait « l’autre ». Aussi, leur chagrin avait-il beaucoup perdu de son amertume.

Toutefois, dans la douceur de leur tendresse, ils s’affligeaient bien souvent du sort de Camille. Quoique la jeune femme fît preuve de vaillance