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tout d’abord qui pouvait en vouloir si mortellement à sa fille dont la charité et la bonne grâce étaient universellement connues.

Il lui fallut quelques réflexions de plus pour soupçonner que c’était lui plutôt, et son commerce, que le dénonciateur avait peut-être eu l’intention d’atteindre et de compromettre. Toutefois, il ne se figurait pas que personne pût le détester à ce point, et cherchait en vain dans son entourage l’être envieux et bas qui avait commis pareille infamie.

Quoique la crainte d’être soi-même impliqué dans l’affaire en s’y intéressant trop ouvertement empêchât les amis de Vergust de tenter la moindre démarche en faveur de la prisonnière, il y avait pourtant des gens de cœur qui s’intéressaient à la jeune fille et cherchaient le moyen de lui venir en aide. Tel était le cas de Lust et de Martha qui, entretenaient, eux aussi, des intelligences avec des intermédiaires dont personne n’eût deviné les véritables fonctions.

Un mois s’était déjà écoulé depuis l’arrestation d’Emma et rien ne transpirait de l’instruction de l’affaire, lorsqu’un après-midi, comme le tripier entrait à la quincaillerie pour la partie de carte hebdomadaire avec les vieux Claes, Lust l’arrêta dans le magasin :

— Et vous ne vous doutez toujours pas de celui qui a dénoncé votre demoiselle ?

— Mais non, répondit le gros homme dont l’insouciance diminuait à mesure que se prolongeait la détention de sa fille.