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sait s’arranger pour recevoir et envoyer des lettres autant qu’elle veut…

— Et alors, il a fait sa demande ?

— Oui, officielle, il y a huit jours. Emma a répondu oui et le père Lavaert aussi. On est d’accord.

C’en était trop. Le sellier eut comme un éblouissement ; il ne pouvait en écouter davantage. Ainsi tout s’arrangeait aux souhaits de ce grotesque bonhomme, qui se retirait des affaires pour vivre en grand seigneur dans un hôtel somptueux et trouvait l’occasion de marier avantageusement sa fille, alors que lui, avec ses richesses cachées et improductives, il se privait du nécessaire, végétait comme un pauvre diable sans réussir à caser son Hortense… Non, cela ne pouvait durer davantage : la chance doit avoir des bornes.

Il était arrivé devant sa porte :

— Bonsoir ! dit-il d’une voix sinistre.

Et il rentra brusquement, tandis que Vergust, enchanté de l’effet produit, criait par le trou de la serrure :

— La bonne nuit ! Pensez à la crémaillière !



Or, à quelque temps de là, Emma Vergust était arrêtée et conduite rue de la Loi dans une geôle de la Kommandantur.

Cette nouvelle fit grand tapage dans le quartier où la jeune fille, surtout depuis la guerre,