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cheveux blancs et d’une barbe grisonnante, très soignée.

— Excusez-moi, mon enfant, de venir vous déranger à une heure aussi matinale… Mais j’ai tant de visites à faire…

La jeune femme était stupéfaite de ce que le personnage ressemblât si peu au portrait physique qu’en avait tracé son imagination rancunière. Sans le vouloir, elle subissait déjà l’ascendant de ce visage ouvert, de cette voix mélodieuse.

— Asseyez-vous, Monsieur, dit-elle en essayant quand même d’une certaine sécheresse. Puisque votre temps est si précieux, croyez que je n’en abuserai pas… Ma résolution, bien arrêtée, écourtera d’ailleurs un entretien dont je sais l’objet…

Alors, d’un geste paternel, le prêtre, resté debout, posa la main sur le bras de la jeune femme :

— Non, mon enfant, dit-il en l’enveloppant d’un regard plein de bonté, non, vous ne pouvez connaître le vrai but de ma visite… Faites-moi la grâce de vous asseoir près de moi…

Il n’y avait rien dans ces façons qui sentît la mansuétude étudiée et convenue des hommes d’église. Camille hésitait pourtant, en défiance contre la séduction jésuitique qui emprunte toutes les formes, à commencer par celle de la bonhomie.

— Je vous en prie, mon enfant, insista le visiteur avec une sorte de mélancolique supplication, ne craignez rien : c’est plus qu’un ami