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Elle était plus émue qu’elle le paraissait et se recueillit un instant avant de quitter la chambre. Pourtant, cette visite inévitable ne la prenait pas au dépourvu. L’orpheline connaissait les dernières volontés de sa marraine et l’obligation que la défunte imposait à sa filleule, d’épouser un belge d’origine allemande, le jeune baron Herman von Schuller, parent de son curé, exécuteur testamentaire par personne interposée. Le parti de la jeune femme était pris depuis longtemps : elle refuserait la succession sans dissimuler à l’ecclésiastique ce qu’elle pensait de son rôle en cette affaire. Non, la soutane ne l’intimiderait pas.

Quel homme pouvait-il être ? Camille ne l’avait jamais vu, la vieille demoiselle L’Hœst étant morte subitement la veille du jour fixé pour l’entrevue de son confesseur avec la jeune fille. C’était quelque gros prêtre sans doute, un de ces vicaires corpulents et surnourris, habiles à s’impatroniser chez les riches bigotes et qui vivent dans leurs maisons en parasites…

Mais il était temps de descendre. Elle n’eut aucun geste de coquetterie devant le miroir et ne s’avisa pas même d’enlever le tablier de coutil qui recouvrait sa robe sombre. Au bas de l’escalier, elle s’arrêta une seconde, puis, délibérément, entra dans la petite salle réservée aux entretiens d’affaires.

— Mademoiselle L’Hœst ? dit le visiteur en se levant.

C’était un grand vieillard, un peu courbé, à la figure fine, aristocratique, encadrée de beaux