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Et d’une voix où il semblait que l’affection s’ajoutât à la politesse :

— Je sais aussi qui vous êtes et que vous ne communiquerez à votre père et à vos amis que l’essentiel de notre entretien sans rien révéler de ma personne, si par hasard celle-ci vous avait intriguée et continuait de le faire plus qu’elle ne doit…

Sur ces mots enveloppés, dont le sens échappait en ce moment à la jeune fille, il s’était avancé de quelques pas et, ployant le genou auprès du chien écrasé de fatigue :

— Tâche de guérir, mon brave ! dit-il en caressant avec précaution la tête de l’animal. Va, je te laisse en bonnes mains…

À ces douces paroles, Tom essayait de se redresser, mais il n’en eut pas la force :

— Repose-toi, pauvre ami ! Allons, bon courage ; on se retrouvera peut-être un jour…

Il se releva :

— Adieu, Mademoiselle Martha…

Elle tressaillit en entendant prononcer son nom. Déjà le mystérieux émissaire voulait s’excuser de cette familiarité. Mais la jeune fille lui tendit la main qu’il porta vivement à ses lèvres :

— Au revoir !

Il sortit, donna un ordre bref au chauffeur et s’élança dans l’automobile qui démarra sans bruit dans la direction du faubourg.

Cependant Martha restait plongée dans une rêverie si profonde qu’elle oubliait la présence de Tom et les précieuses lettres déposées sur le comptoir.