Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trement… Permettez-moi d’entrer chez vous pour y déposer ma charge et vous entretenir quelques instants…

À cette demande inattendue, faite sur le ton de la prière et non d’un ordre, Martha demeurait interdite ne sachant que faire. Mais le lieutenant insista avec politesse :

— Je vous en prie, Mademoiselle, ne faites pas attention à mon costume et soyez sans défiance… J’arrive de là-bas…

Alors, comme elle restait indécise, il baissa la voix et murmura un mot de passe. Stupéfaite, la jeune fille se recula aussitôt pour lui livrer passage.

Tout de suite, elle voulut allumer dans le salon de coiffure, mais il s’y opposa :

— Non, cela n’en vaut pas la peine, le réverbère de la rue nous éclaire suffisamment.

En même temps, avec précaution, il déposait sur le plancher son lourd fardeau qui remua tout à coup et fit entendre une sourde plainte.

La fille de Théodore ne put retenir un cri de surprise.

— Ne vous effrayez pas, Mademoiselle, dit le mystérieux visiteur en braquant sur le sol le rayon d’une petite lampe électrique qu’il avait retirée de sa tunique : voyez ce n’est qu’un chien ; oui, un pauvre chien blessé que j’ai ramassé sur ma route dans la région d’étape et transporté jusqu’ici en me disant que vous ne refuseriez pas de le garder au moins jusqu’à demain…

Si étrange que lui semblât cette histoire, Martha se sentait déjà tout attendrie :