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Elle réfléchissait mais sans que sa conviction perdît rien de sa fermeté :

— Tom aura probablement suivi le messager qui venait à la quincaillerie pour M. Lust, dit-elle rêveusement. Quant à nos soldats, il ne faut pas oublier qu’ils sont partis pour l’Angleterre après la bataille…

— Sans compter, ajouta Théodore, que nous n’avons peut-être pas reçu toutes leurs lettres…

Aussi bien, une raison de prudence pouvait avoir empêché les jeunes gens de rapporter un fait qui, en s’ébruitant à Bruxelles, eût été un suffisant prétexte pour les policiers allemands d’interroger les Claes et de leur causer beaucoup d’ennuis…

En attendant que le mystère s’éclaircît, Martha était impatiente du lendemain, tant elle se faisait une joie d’annoncer la bonne nouvelle aux quincailliers. Dans la fête de son cœur, elle s’était approchée du guéridon pour contempler les chers portraits, qui lui souriaient silencieusement du haut de l’étagère fleurie de roses et de capucines. Des quatre images, celle de Prosper était sans contredit la mieux réussie, la plus vivante : il semblait que l’héroïque garçon la regardât avec une fixité étrange en ce moment et comme s’il allait lui parler.

Intimidée presque, Martha s’était assise à sa table à ouvrage et se disposait à faire de la couture, quand un énergique coup de sonnette retentit dans l’escalier.

On était en octobre et il faisait déjà nuit ; toutefois comme huit heures venaient à peine de