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avait son petit-fils et dès lors tout lui devenait indifférent de ce que faisait la kommandantur.

« Pardonnez-nous Bon Papa ! » s’était écriée Camille le jour de sa confession pathétique. Ah ! s’il avait pardonné ! Mais la vraie faute, jugée au point de vue d’aujourd’hui n’eût-elle pas été de ne l’avoir point commise ! Comment ne pas la bénir comme un bienfait quand elle lui donnait cet enfant tant de fois rêvé, ce robuste petit gars qui, vivante image de Prosper, avait du vrai sang des Claes dans les veines ! À présent, d’avoir reçu une telle consolation dans leur malheur, les pauvres vieux étaient presque tentés de croire à une Providence.

La fausse grossesse d’Adelaïde, ses fréquents voyages dans le pays de Jodoigne, ses connivences avec la sœur tourière du couvent où se trouvait enfermée Camille, l’accouchement clandestin de la jeune fille, toute cette intrigue feuilletonesoue s’était dénouée sans dommage pour aucun de ses acteurs.

Il est vrai que Camille avait exigé que son fils fût inscrit sous son nom sur les registres officiels. Mais personne ne la connaissait dans le village perdu où elle était venue s’accoucher et rien ne faisait craindre que son secret ne s’ébruitât avant qu’elle y consentît elle-même pour son fils et la fierté de sa conscience.

Le petit Prosper avait près de quinze mois aujourd’hui et tenait solidement sur ses jambes. Déjà, il donnait les signes d’une vive intelligence et articulait à ravir certains mots.

Aussi bien, on s’en occupait beaucoup mais