Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’était pas seulement une virtuose… Jamais on n’avait vu une si belle personne, si gracieuse et si aimable, sans compter que c’était une ménagère modèle. Ah, ce n’est pas elle qui avait peur d’aller au marché Sainte-Catherine ou de faire la file avec son cabas devant le bureau de l’alimentation ! Non, elle n’était pas fière…

— Et puis, ajoutait-il en se cambrant sur sa canne, elle est si bonne pour les enfants ! Vous devriez la voir avec le petit d’Adelaïde. On dirait que c’est elle qui est sa maman… De Bouck a raison : il me disait encore l’autre jour que celui qui mariera la nièce des Claes ne sera pas à plaindre. Il aura une femme d’intérieur, une bonne mère de famille, et un gros sac par dessus le marché !

Et, mettant une sourdine à sa voix qui résonnait dans la rue silencieuse :

— Entre nous, est-ce que vous ne croyez pas que les De Bouck ont des intentions sur elle ? Pour moi, ça est clair comme le jour !

Jamais la bile de Buellings n’avait été si fortement remuée : cet éloge de Mlle L’Hœst, oui n’était qu’une façon de faire ressortir le profond égoïsme et tous les autres défauts de sa fille, le mettait hors de lui. Seule, la crainte de laisser entrevoir son but secret par quelque riposte de colère l’avait empêché d’interrompre le tripier. Mais recouvrant peu à peu son sang-froid :

— Une chose que vous ignorez, ricana-t-il, c’est que Mlle L’Hœst a juré de ne pas se marier et qu’elle rentrera dans un couvent après la