Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

répondit Camille fermement : il était au-dessus des préjugés pour une foule de raisons dont la meilleure était encore la générosité de son caractère…

— La fille d’un coiffeur !…

— Sommes-nous sûres que nos ancêtres n’aient pas exercé des professions aussi modestes ? Et puis, ne vous êtes-vous jamais demandé d’où Mlle Martha tenait cette grande distinction… Sa mère était Irlandaise m’a dit Prosper, apparentée à une noble famille…

— Pensez-vous ?

N’importe, Mme De Bouck, tout en protestant de son estime pour Mlle De Leuw, ne lui accordait plus qu’une importance très secondaire, persuadée que son fils, dont la longue absence aurait attiédi l’amour, se résignerait sans peine à remplir les vœux de son cœur maternel.

En attendant, elle comblait Mlle L’Hœst d’attentions et de flatteries délicates, mais sans laisser deviner à personne son projet ambitieux. Toutefois, les visites de Camille chez la négociante, n’avaient point échappé à l’espionnage infatigable d’Hortense Buellings. Tout de suite, la fille du sellier s’était émue de ces relations amicales et avait soupçonné les intentions de la charbonnière. Jadis, elle s’était facilement résignée à l’indifférence de Victor De Bouck, qui n’avait guère été qu’un pis-aller pour elle. Mais la réputation du jeune docteur réveillait aujourd’hui ses rancunes contre lui, en même temps que son désir de le retrouver après la guerre moins dédai-